[liste_ygg] Fwd: l'OBS : Voilà comment le Président du Sénat interprête les chiffres du budget de l’Ademe

[Yves Grosset-Grange <adresse@cachée>]

Bonjour à tous
Je ne résiste pas au triste plaisir de vous transmettre le message et l'article ci-dessous :  désespérant exemple de désinformation, qui ne vient ni de Poutine ni de Trump, mais bien de chez nous. Et il n'y a pas besoin des réseaux sociaux pour leur assurer le succès : certains médias bien connus s'en chargent.
Cordialement
Yves GG

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-------- Message transféré -------- Sujet : l'OBS : Voilà comment le Président du Sénat interprête les chiffres du budget de l’Ademe Date : Mon, 13 Jan 2025 14:49:22 +0100 De : adresse@cachée Pour :

 

Voilà comment le Président du Sénat interprête les chiffres du budget de l’Ademe .  

 

L’Ademe dépense-t-elle « 4 milliards d’euros » ? Quand Gérard Larcher donne dans le populisme anti-écolo

 

L’obs : Eric Aeschimann  Publié le 12 janvier 2025 à 14h27,

 

Temps de lecture : 3 min.

  Dans « le Parisien », le président du Sénat affirme que le budget de l’Ademe serait de « plus de 4 milliards ». Une grosse exagération : le fonctionnement de l’Agence coûte 270 millions. En réalité, Larcher cherche surtout à peser sur les négociations entre le gouvernement, le PS, le PCF et les Verts sur le budget 2025.

 

« Nous attendons que l’on poursuive la réduction du déficit et de la dépense publique avec des actes concrets, notamment sur les agences de l’État et la simplification. Quand vous avez l’Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie (Ademe) qui a plus de 4 milliards de budget et près de 1 100 équivalents temps plein, la question de l’efficacité de la dépense publique se pose. »

 

Voilà comment parle Gérard Larcher ce dimanche 12 janvier dans « le Parisien ». Le ton est martial et l’argument se veut de bon sens : il faut en finir avec les « comités Théodule », supposés vivre sur un grand pied aux frais du contribuable. Un refrain déjà entonné par Michel Barnier et auquel le président du Sénat apporte un couplet inédit en désignant une nouvelle cible : l’Ademe. Publicité Et il sort un chiffre, destiné à frapper les esprits. L’Ademe (dont il écorche au passage le véritable intitulé, puisqu’elle s’appelle désormais l’Agence de la transition écologique) aurait un budget de « plus de 4 milliards ». Bigre ! Ça fait beaucoup. Macron aurait dit : « Un pognon de dingue. » Pour donner un ordre de grandeur, avant sa suppression, l’ISF rapportait 5 milliards d’euros. Pour faire bonne mesure, Larcher poursuit en donnant le nombre d’agents travaillant pour l’Agence. Le message est clair : 4 milliards d’euros divisés par un 1 100 équivalents temps plein, faites le compte, bonnes gens, et vous comprendrez où filent vos impôts. A charge pour le lecteur-électeur, caressé dans le sens du poil, d’imaginer des cohortes de fonctionnaires-militants, presque zadistes, plongeant dans des piscines remplies d’or, à la Picsou. Subventions d’Etat et fond France 2030 Sauf que, évidemment, c’est faux. Avec cette présentation, Gérard Larcher tord la réalité. Le « budget » de l’Ademe - au sens où on l’entend couramment, c’est-à-dire le budget de fonctionnement - n’est pas de 4 milliards, mais de… 274 millions. On trouve ce chiffre en additionnant les deux lignes indiquées sur la page officielle où l’Agence détaille son budget 2024 : « dépenses de fonctionnement : 159 M€ ; dépenses de personnel : 115 M€. » Alors, comment Gérard Larcher arrive-t-il à « plus de 4 milliards » ? Eh bien, en ajoutant au budget de fonctionnement les subventions qui viennent de l’Etat et qui sont directement versées soit aux collectivités locales soit aux entreprises. Paradoxe : ce sont les deux catégories d’acteurs en général choyées par le président du Sénat. Un exemple : le fonds chaleur. Doté de 800 millions d’euros en 2024, il sert à financer les réseaux de chaleur, la géothermie ou encore les centrales à la biomasse. « Uniquement des projets hyperconsensuels, souligne un observateur. On n’y trouve ni éolien, ni voltaïque. » Les bénéficiaires en sont soit les régies municipales, soit les entreprises comme Engie ou Veolia. Monsieur Larcher voudrait-il couper ce robinet-là ? L’autre gros morceau de ces 4 milliards, c’est le fonds France 2030, lancé après le Covid et dont l’Ademe gère la partie « soutien à l’innovation et à la décarbonation ». Dans le budget 2024 de l’Ademe, cette ligne se monte à 2,5 milliards d’euros. Mais l’Ademe n’en est pas décisionnaire : elle instruit les dossiers et c’est l’Etat qui tranche. Et là, encore, l’argent ne va pas à des fermes en biodynamie ou des tiers lieux, mais aux grosses entreprises bien polluantes qu’affectionnent habituellement Gérard Larcher et ses amis Républicains. Le plus bel exemple, c’est une énorme subvention de 800 millions pour… ArcelorMittal, afin de l’aider à décarboner son usine de Dunkerque. En mars dernier, l’économiste Anne-Laure Delatte expliquait au « Nouvel Obs » que l’Etat dépense près de 200 milliards par an pour aider les entreprises. On en voit ici une illustration très concrète. Mais alors, pourquoi cette attaque contre l’Ademe, à l’évidence si facile à « débunker » ? En réalité, le président du Sénat recycle un chiffre qui traîne dans les cercles de droite depuis quelques mois. Valérie Pécresse l’avait déjà dégainé sur LCI durant l’automne. Au même moment, la Fondation Ifrap, un lobby ultralibéral fondé dans les années 80 par des proches du Front national et qui monte régulièrement des partenariats avec « le Figaro » ou « le Point », publiait en novembre un article intitulé : « Et si on supprimait l’Ademe ». L’opération ne doit donc tromper personne : il ne s’agit pas d’un projet politique, mais d’un contre-feu politicien. De la popol. Gérard Larcher cherche à parasiter les tentatives du gouvernement pour parvenir à un accord sur le budget 2025 avec le PS, le PCF et les Verts - ces derniers venant de demander un plan à 7 milliards d’euros pour l’écologie. Dans ce but, il n’hésite pas à alimenter le populisme anti-écologiste, en trichant sur les chiffres comme on vient de le voir.   Ce qui lui évite au passage de nous dire comment on peut lutter contre le réchauffement climatique sans dépenser d’argent. Mais peut-être ne le sait-il pas. Par Eric Aeschimann