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[liste_ygg] Comment la colère des agriculteurs est détournée vers des boucs émissaires
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- From: Yves Grosset-Grange <adresse@cachée>
- To: adresse@cachée
- Subject: [liste_ygg] Comment la colère des agriculteurs est détournée vers des boucs émissaires
- Date: Sun, 8 Dec 2024 23:05:10 +0100
- Authentication-results: srvmail.retzien.net; auth=pass adresse@cachée adresse@cachée
Bonjour à tous.
Je vous propose la lecture d'extraits d'une tribune de Stéphane
Foucart parue récemment dans Le Monde. (La mise en gras de
certains passages est de moi)
Bonne lecture de ce qui suit, et bonne rediffusion si ça vous en
parait digne.
Cordialement.
Yves GG
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Non seulement les normes protègent l’environnement et la santé, mais elles sont l’unique argument contre un accord avec le Mercosur, observe dans sa chronique Stéphane Foucart, journaliste au « Monde ».
EXTRAITS:
Jeudi 28 novembre au matin, à Paris, une centaine d’agriculteurs murent l’entrée de l’Institut national de recherche pour l’agriculture, l’alimentation et l’environnement (Inrae), dont ils demandent la fermeture.
Au même moment, à Maisons-Alfort (Val-de-Marne), d’autres font de même devant l’Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail (Anses). Après les attaques contre l’Office français de la biodiversité (OFB) et ses agents, ces actions marquent le franchissement d’un cap.
Ce ne sont plus seulement les préfectures, les permanences d’élus ou les locaux des associations de protection de l’environnement qui sont pris pour cibles, mais les institutions chargées d’accompagner et de protéger les agriculteurs eux-mêmes. (...)
(…) L’escalade était prévisible. En avril 2021, après le déboulonnage des roues de la voiture de la journaliste Morgan Large, on écrivait dans Le Monde que les pouvoirs publics laissaient s’installer un dangereux sentiment de toute-puissance et d’impunité. (…)
Cette situation est d’abord le reflet d’une compétition inédite entre la Fédération nationale des syndicats d’exploitants agricoles (FNSEA) et la Coordination rurale. Chacun fait assaut de radicalité pour séduire une base exaspérée, (...)
Mais à cette cause conjoncturelle s’en ajoute une autre. Les formes de plus en plus extrêmes de la contestation sont aussi la conséquence du discours politique porté par les gouvernements successifs.
Au lieu d’engager les transformations nécessaires du modèle agricole dominant, le pouvoir politique n’a eu de cesse de se défausser et de reporter la responsabilité des difficultés rencontrées sur des tiers. La détresse matérielle d’une grande part du monde agricole est évidemment une situation que la société ne devrait pas tolérer, mais elle est d’abord le fruit de choix politiques qui ne sont jamais explicités et assumés.
Qui montre-t-on du doigt ? L’Union européenne, les écologistes, la police de l’environnement, les « surtranspositions » de règles communautaires édictées par l’Anses, l’orientation des travaux de l’Inrae vers une agriculture « bio-bobo », etc. (...)
Tout est devenu « agribashing ». Toute remise en question de certaines pratiques, le simple constat de leurs graves externalités comme la disparition des insectes, des oiseaux, des paysages, la contamination généralisée des ressources d’eau potable : tout est perçu comme une forme de dénigrement des agriculteurs en général. Les syndicats dominants ont activement promu l’idée que le monde agricole dans son ensemble était la cible d’une conjuration destinée à le perdre, renforçant dans les campagnes la colère contre les environnementalistes. Certains ne s’y laissent pas prendre et les prises de position de la Confédération paysanne montrent, s’il était besoin, que de nombreux exploitants échappent largement à cette vision paranoïaque.
C’est peu de dire que celle-ci a été entretenue par le pouvoir politique – certains n’hésitant pas, pour l’étayer, à relayer des informations fausses, tronquées ou trompeuses. (...)
Ces discours sans cesse martelés maintiennent le monde agricole dans une posture d’éternelle victime des défenseurs de l’environnement, tout en occultant le fait que la technologie ne fera pas de miracles dans un monde au climat détraqué(...) où les épizooties, dopées par la perte de diversité génétique dans les élevages, sont vouées à se répéter.
La radicalisation et la violence prospèrent aussi sur les fausses informations propagées par une certaine presse et qui construisent un monde parallèle où la science et la connaissance sont devenues les ennemies des agriculteurs.
La réalité est à l’exact inverse. Non seulement les normes protègent l’environnement et la santé (et surtout celle des exploitants, de leurs salariés et de leur famille), mais elles sont l’unique argument pour s’opposer à un accord entre l’Union européenne et le Mercosur (Argentine, Brésil, Paraguay et Uruguay, bientôt rejoints par la Bolivie). Lorsque les normes auront disparu, plus rien ne s’opposera à un libre-échange débridé, et les agriculteurs réaliseront, mais un peu tard, qu’ils ont été trompés.
- [liste_ygg] Comment la colère des agriculteurs est détournée vers des boucs émissaires, Yves Grosset-Grange, 08/12/2024
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