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[Lemondecommeilva] Rencontre avec une ancienne prisonnière politique à l'Ambazada
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- From: Patsy <patsy AT retzien.fr>
- To: lemondecommeilva AT retzien.fr
- Subject: [Lemondecommeilva] Rencontre avec une ancienne prisonnière politique à l'Ambazada
- Date: Mon, 19 Sep 2022 13:12:03 +0200
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ENGAGEMENT, ENFERMEMENT ET
DISCRIMINATIONS DE GENRE
Rencontre-débat à l'Ambazada,
ZAD de Notre-Dame-des-Landes
Avec Lorentxa Beyrie,
ancienne militante de l'ETA ayant passé 20 ans
en prisonSUBIR OU AGIR
« Lorsque je vois des
policiers passer à proximité, je ne me sens pas à
l’aise, c’est comme si j’allais être appréhendée à
nouveau. J’ai encore cette sensation, elle diminuera
sûrement ». Arrière-goût d’expériences qui la replongent
plus de vingt ans en arrière, lorsque Lorentxa Beyrie
était militante clandestine du groupe armé ETA.
Interpellée en décembre 2001 à Auch à l’âge de 26 ans,
libérée en avril 2021, elle se sera battue sans relâche
contre le système carcéral destructeur. « La prison,
c’est fatigant, long, dur et inutile. On vous place dans
une situation violente mais, en même temps, il ne se
passe rien, c’est un non-sens quotidien. Si tu ne fais
pas d’efforts pour faire des choses par toi-même, tu
sombres dans ce néant ».
Toutes les demandes de
libération conditionnelle lui seront refusées pour cause
de « risque de récidive ». A cet acharnement judiciaire
s’ajoutera, comme pour les autres prisonnier-e-s
politiques, l’éloignement systématique des lieux
d’incarcération. Fleury-Mérogis, Fresnes, Joux-la-Ville,
Roanne… Les procès et transferts dans les différents
centres pénitentiaires auront été nombreux et, à chaque
fois, le même procédé : « On te transforme en appareil à
accomplir des ordres. On te donne des injonctions que tu
dois appliquer, en silence. Si l’administration te
propose un entrevue, elle sera dirigée, l’objectif étant
de te faire rentrer dans leur rythme, de te couper de
ton monde pour subir le leur ». Il faut, alors, tenter
de renverser la vapeur : « Ne pas se laisser faire. Si
tu prends l’initiative, c’est une première victoire.
C’est un rapport de force permanent. On vous rétorque
souvent ‘C’est votre peine que vous êtes en train
d’accomplir’. Je leur répondais que non, que ce n’était
pas la mienne, mais celle que l’on m’avait infligée.
J’ai choisi un engagement, une voie, je ne fais pas
partie de leur histoire, celle de la construction des
lieux de détention, des condamnations, ce n’est pas mon
monde ».
Une façon de ne pas se
laisser marcher dessus. Garder cette attitude, une
source supplémentaire de problèmes ? « On a la force du
collectif, celle des prisonnières engagées
politiquement. D’autres codétenues nous demandaient
parfois ‘Comment faites-vous pour tenir si longtemps, si
bien ?’ Sûrement grâce aux convictions et à
l’organisation, essentiellement grâce au soutien des
gens. C’est comme cela que j’ai tenu pendant vingt ans.
On essaye de te couper de ton environnement, de tes
proches, de ton pays et chaque visite, chaque lettre
reçue est une fenêtre ouverte sur l’extérieur, un
rapprochement vers les tiens, c’est très très important.
Nous l’avons toujours dit, nous sommes très bien
entourées ».
Reste un fort dégoût du
système carcéral qui, en plus d’annihiler les personnes,
sépare ceux qui sont assignés en tant qu’hommes et
celles qui le sont en tant que femmes. « On se croit
chez les talibans. C’est un univers où la stigmatisation
sociale est ressentie de manière encore plus forte pour
les femmes et on nous traite comme des gamines à
rééduquer, pour devenir de bonnes mères au foyer. C’est
pitoyable de voir les surveillantes participer à ce
cirque ; j’ai même souvenir d’avoir assisté à des
réprimandes parce qu’une codétenue regardait un mec
enfermé de l’autre côté de la cour ».
Après de longues années derrière les barreaux et une
fête de bienvenue qui a rassemblé 800 personnes dans son
village, Lorentxa a retrouvé « de la couleur verte, ça
m’a sauté aux yeux après tant de gris, de froid et de
fer ». Son implication politique et associative repart
du bon pied, « tout en gardant le sentiment d’avoir vécu
vingt ans hors de ma vie ». Elle conserve, avant tout,
un lien intrinsèque avec ses camarades qui sont toujours
enfermées, et avec sa terre natale.
Invitée par l’Ambazada, elle
nous racontera son parcours militant et carcéral, son
sens de l’engagement, son point de vue sur la lutte
actuelle au Pays Basque, et plus encore si l’envie se
fait sentir. Rendez-vous le 1er juillet !
- [Lemondecommeilva] Rencontre avec une ancienne prisonnière politique à l'Ambazada, Patsy, 19/09/2022
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